Extraits l'Amulette de Samarcande

Je  me transfère sous les buissons pour me changer en mulot.
Le môme est toujours là où je l'ai laissé, raide comme un piquet et la goutte au nez.
Je me juche sur une brindille.
« Ça te dirait un, un mouchoir, ô mon maître ? »
Non sans mal, il lève le bras et s'essuie le nez sur sa manche.
Puis il renifle.
« Il y a eu quelque chose ?
- Il en reste encore un peu sous la narine gauche. Sinon ça va.
- Je veux dire sur la route.
- Non. Il encore trop tôt. S'il te reste de quoi manger, c'est le moment.
Nous devons être fin prêts quand le première voiture s'annoncera.»


- Fais -la passer par dessus la tête !
La sentinelle qui approche sur ma gauche est la plus rapide.
Je distingue déjà ses yeux- deux ovales noirs à la pupille piquetée de points lumineux.
En voulant accélérer, j'appuie sur la mauvaise pédale ; résultats, la camionnette fait de petits bonds en avant et manque de s'immobiliser complètement.
Le gamin n'a pas encore réussi de se débarrasser de sa chemise.
Il se cogne contre le tableau de bord.
« Aïe ! Tu l'as fait exprès ! »
Je trouve la bonne pédale et nous reprenons de la vitesse.
« Dépêche-toi d'enfiler cette veste ou on est fichus. Et n'oublie pas la casquette.
- Et le pantalon ?
- Laisse tomber. Pas le temps. »
Il met la veste, au moment où il enfonce la casquette sur sa tête ébouriffée, les deux sentinelles
arrivent à notre hauteur.
Elles rivent sur nous leurs yeux luisants, mais en restant de l'autre côté des haies.


Tu distingues quelque chose en particulier ?
En me retournant pour lui parler, c'est tout juste si je ne perd pas le contrôle
de mon véhicule, qui se rapproche dangereusement de la haie en faisant des embardées.
Je redresse juste à temps.
« Hé ! Mais tu n'as pas de pantalon ! Rassieds-toi, vite ! Qu'est ce que tu fais sans pantalon ? »
Il se rassied et ma visibilité s'améliore nettement du côté gauche.
« J'ai enlevé le mien comme tu m'as dit, mais tu m'as ordonné de ne pas mettre l'autre.
- Je n'avais pas vu que tu avais bazardé le tien ! Mets-le vite.
- Mais la sentinelle va voir que...
-Elle a déjà vu tout ce qu'il y a avoir, crois-moi.
Mets-moi tout de suite ce pantalon.»
Il se dépatouille comme il peut, les pieds contre le tableau de bord.
Je secoue la tête (qui se pare à présent d'un crâne tout luisant).


Voici des extraits du livre l'Amulette de Samarcande de Jonathan Stroud.

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